Résidence de recherche et de transmission "ROUVRIR LE MONDE" un dispositif de la DRAC PACA dans le cadre de l'été culturel 2021 du Ministère de la Culture
du 2 au 14 Août 2021au Fontenil, à Ristolas, Hautes-Alpes
PAYSAGES IMAGINÉS
RISTOLAS, QUEYRAS
Le projet s’est déroulé du 2 au 14 Aout 2021 avec un temps de recherche personnelle et un temps de transmission.
Les périodes de confinement successives que nous avons vécues, ont pu, par une diminution des interactions sociales, développer en chacun, une plus grande propension à la rêverie. C’est la rêverie dans le paysage naturel que je souhaitais explorer en m’inspirant de la technique cinématographique artisanale du « matte painting » ou« verre peint » consistant à placer un verre peint devant l’objectif de la caméra afin d’enrichir la scène filmée.
A la manière d’un peintre, je souhaitais réaliser un (ou plusieurs) «tableaux» filmiques, dans le(s)quel(s) le paysage s’animerait subtilement visuellement (par une animation à l’encre colorée en surimpression) et sonorement (par l’introduction d’« objets » électroacoustique dans le paysage sonore). Je souhaitais fondre mon imaginaire dans le paysage et nourrir ma création visuelle et sonore en proposant aux participants de partager leur propre rêverie par des jeux sonores, plastiques, et photographiques. Nous avons tâché d’intégrer les ateliers de transmission en cohérence avec les propositions de l’équipe d’animateurs du Fontenil, ainsi qu’avec les désirs et comportements des usagers vacanciers du Fontenil. Le dimanche étant le jour des départs et arrivés, les ateliers de transmission ont eu lieu en deux périodes, regroupant essentiellement deux publics différents (à l’exception de deux familles présentes sur les deux semaines).
La recherche et la creation
J’ai commencé par effectuer des repérages sonores et visuels sur le trajet «Ristolas-La Monta», à la recherche d’un paysage d’intervention. J’ai été surprise sonorement par la présence massive des sauterelles et criquets le long du chemin, et par celle plus épisodique de marmottes. Les ballades menant à la Monta, longent la rivière. Peu avant La Monta, j’ai découvert la présence d’un troupeau de chèvre dans un champs que je souhaitais filmer par la suite. Le temps étant pluvieux les premièrs jours de mon arrivée, j’ai fait des essais de matière crayons, feutres, afin de travailler assez rapidement sur les premières images que je tournerai. Puis, j’ai commencé à travailler au feutre aquarellé sur une vue prise par la fenêtre du Fontenil imprimée. Le premier dessin réalisé a servi de support au premier atelier mené, avant de servir de support à des premiers essais animés.
Une première animation a été fixée après avoir testé différents rythmes de défilement des images au montage, et différents procédés de fusion des images réelles et dessinées. J’ai souhaité jouer avec la transformation de motifs colorés pouvant évoquer la présence de vent dans le paysage. Le son originel de la vidéo pris depuis l’intérieur n’a pas été transformé, l’idée ayant germé de recréer dans un second temps un son «extérieur» fictionnel.
La seconde semaine, mon travail personnel s’est tourné davantage vers l’exploration de l’extérieur à la recherche de paysages remarquables et propices à un travail à l’encre. Au cours de mes ballades de travail, j’ai observé les motifs naturels offerts par le paysage, les détails dans le paysage, les compositions «sauvages», cherchant à saisir une sensation de mouvement «naturel», afin de guider mon geste.
Au cours de la première semaine, j’ai participé à un feu nocturne organisé par les animateurs. J’ai filmé en plan fixe le feu et les mouvements autour de ce feu. Ce film a été diffusé sur la télévision du bar du Fontenil afin de sensibiliser les vacanciers à la notion de cadre en mouvement, à la rêverie autour des éléments chère à Gaston Bachelard. Ce film pourra servir de support à un paysage animé nocturne.
J’ai défini également des plans larges propices à une intervention à l’encre, que j’ai filmés en plan fixe, sur les trajet Ristolas-Abriès et Ristolas-La Monta. Sur le premier trajet, j’ai cherché à m’approcher de la rivière et du ciel, sur le second trajet, j’ai trouvé les chèvres dans un nouveau champ. J’ai écouté et enregistré le paysage sonore, dans le détail, approchant mon enregistreur dans les herbes au plus près des insectes, et en plan large, jouant avec le micro tantôt directionnel, tantôt omni-directionnel.
J’ai choisi un plan de travail sur lequel intervenir à l’encre qui m’intéressait particulièrement par le surgissement d’un animal venant ouvrir le paysage sonore et visuel, et accompagnant la trajectoire de la rivière.
Afin de réaliser une première tentative animée, j’ai décidé d’intervenir à l’encre de manière légère dans les reflets aquatiques et en suivant les lignes de la rivière. J’ai ensuite transformé le son de l’enregistrement sonore en y introduisant des cliquetis métaliques en écho à ceux produits par le collier du chien, en rendant le son de la rivière plus diffus pour faire surgir son d’ambiance alentour plus aigu, en y glissant des «nappes» souterraines pour soutenir le flux de l’eau. Trois variations autour du paysage ont été réalisées, de plus en plus abstraites et sonores.
La transmission
Les ateliers ont eu lieu dans un va-et-vient permanent entre intérieur et extérieur.
Pour le premier atelier, nous avons travaillé à partir d’une impression en noir et blanc, extraite de la vidéo, qui a servi de support à mes premières expériences: une vue par la fenêtre du Fontenil. Chaque participant a réalisé une « carte postale » originale.
Dans la continuité de l’atelier, j’ai proposé la projection de deux films que j’ai réalisé «Le Mythe de l’éternel retour» et «La rana y la sandia», le premier questionne l’intervention dans le paysage par la surimpression, la couleur et la lumière, le second, par le corps.
Le second atelier a eu lieu au cours d’une randonnée entre Abriès et Ristolas (départ en télésiège). Chaque participant a fabriqué un cadre en papier à l’intérieur duquel il était invité à observer le paysage, avant de le capturer par un croquis et une photographie.
Nous avons ensuite travaillé à l’encre à partir des photographies prises en randonnée par les participants. Puis, j’ai photographié et mis en lumière les dessins réalisés afin de faire ressortir de manière prépondérante le travail à l’encre et de faire disparaître la pho-tographie initiale. J’ai imprimé des cartes postales pour chaque participant et un double de ces cartes postales pour une exposition dans le bar du Fontenil. Chaque participant a donné un titre à son oeuvre: «Paysage vif et coloré» par Ilyes, «Sé-paration du paysage» par Nassima, «Luminosité» par Marwa, «Sans titre» par Amélie, «Painter of the day» par Kahina, «Haut en couleur» par Noam, «Le lac perdu» par Soumaya, «Mon joli lac à Ristolas» par Saïda , «Sans titre» par Adem»,...’
Seconde randonnée Abriès-Ristolas
La deuxième semaine, nous avons avons pris le télésiège et pris de la hauteur à Abries pour redescendre à Ristolas avec un nouveau groupe de personnes. Des croquis ont été réalisés au cours de la ballade, nous avons suivi les lignes du paysages avec nos doigts pour faciliter le trait. Un court atelier a été mené dans le jardin au retour de ballade pour retravailler les croquis réaliser et fabriquer des cartes postales doubles (toujours avec les motis comme ligne directrice).
Nous avons également fait une ballade-atelier de Ristolas à La Monta, ballade que je connaissais et dans laquelle j’avais des repères visuels et sonores. J’ai proposé des écoutes sonores en différentes étapes de la ballade: ici, les criquets, la route; là, les marmottes, le vent... Nous avons observé le paysage à l’aide de cadres vides. A l’aller, chaque participant qui le souhaitait a été invité à photographier ou à mémoriser un cadre où il se mettrait en scène au retour. Au retour, sur le même trajet, j’ai photographié les lieux vides choisis par les participants, et leur mise en scène dans le paysage choisi.Les photographies prises pendant la randonnées ont été diffusées sur la télévision du bar du Fontenil le soir.
Ensuite, nous avons travaillé à partir des photographies prises lore au crayon de couleur sur papier calque, nousavons travaillé en trois étapes, pour définir les lignes principales du paysage, agir par l’imaginaire, agir par la couleur. J’ai ensuite fusionné les dessins et photographies réalisés afin d’obtenir une seconde création reflétant les procédés employés dans ma propre recherche animée. Les participants ont pu conserver leur oeuvre originale et une carte postale imprimée de la seconde.
Nous avons également travaillé sur les mises en scènes photographiques à partir d’impressions en noir et blanc.
Enfin, nous avons travaillé l’écoute sonore, nous avons cherché à nous fondre vocalement parmi les criquets, nous sommes intervenus dans le paysage sonore à l’aide de ballons de baudruches pour y introduire des insectes imaginaires. J’ai mis en place une mini-exposition dans le couloir du Fontenil, un «happening» sonore a eu lieu dans le jardin du Fontenil. Chaque participant a pu récupérer ses oeuvres.